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Emmanuel Macron sommé de s’expliquer sur ses liens avec Uber

Voilà l’exécutif sous le feu des critiques, une fois de plus.

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Emmanuel Macron sommé de s’expliquer sur ses liens avec Uber

Voilà l’exécutif sous le feu des critiques, une fois de plus. Près de deux mois après sa réélection, Emmanuel Macron est mis en cause par une enquête du Monde, révélant les «Uber files». Des fichiers illustrant les relations privilégiées entretenues de 2014 à 2016 entre celui qui était alors ministre de l’Économie et l’entreprise américaine. Selon les journalistes, le PDG d’Uber ainsi que ses adjoints auraient été discrètement reçus à Bercy, quand bien même la loi Thévenoud, adoptée en 2014 et censée encadrer plus sévèrement les conditions pour devenir chauffeur, venait d’entrer en vigueur. Ces échanges auraient même mené les deux parties à conclure un «deal secret», facilitant l’implantation en France de la société de VTC. De son côté, François Hollande indique à Libération qu’il «n’y a jamais eu, au niveau de l’Élysée, la connaissance du moindre deal». Sans pour autant balayer l’hypothèse d’un éventuel accord.

Dans un contexte politique déjà tendu, les oppositions se sont rapidement saisies de cette nouvelle affaire. À commencer par la gauche, qui n’a pas hésité à utiliser ce précédent pour nourrir un peu plus son portrait de «président des riches». Du côté des Insoumis, des élus ont usé de termes forts, allant jusqu’à qualifier cette histoire de «nouveau scandale d’État». «Lobbyiste du grand capital, Macron sert les fraudeurs, pas le peuple», a notamment déclaré le député LFI Bastien Lachaud. Son collègue Alexis Corbière a également évoqué une situation «très grave» , et annoncé vouloir discuter avec ses «amis de la Nupes d’une commission d’enquête». «Il faut urgemment faire toute la clarté là-dessus», a-t-il précisé.

Le communiste Fabien Roussel a de son côté dénoncé des «révélations accablantes», et pris à partie «un président de la République qui veut imposer en France un modèle américain, la start-up nation.»«On a vu comment il a trafiqué dans le dos du gouvernement Hollande de l’époque (…). À chaque fois, il fait le choix du monde des affaires, de ces multinationales, au lieu de penser à la protection des Français, la protection du travail», s’est-il agacé au micro de BFMTV. «On savait la fascination d’Emmanuel Macron pour le modèle d’Uber. On découvre désormais qu’il en serait le principal lobbyiste. Le désormais président de la République doit des explications aux Français», a complété le chef de file des sénateurs socialistes, Patrick Kanner. «Macron ou celui qui a mis les lobbys au cœur du pouvoir (…). Notre pays doit encadrer les lobbys», a aussi réclamé l’écologiste Julien Bayou.

Le même émoi a secoué le Rassemblement national, lequel en est persuadé: il tient là son «scandale» de l’été. Quitte à en grossir volontiers les traits pour en amplifier la portée. Le président délégué du groupe parlementaire de Marine Le Pen, Jean-Philippe Tanguy, a ainsi fustigé lors d’une conférence de presse à l’Assemblée des révélations confirmant qu’Emmanuel Macron est le «représentant d’une oligarchie affairiste». Un président coupable, selon lui, d’avoir confondu par le passé «ses fonctions de haut fonctionnaire et les intérêts étrangers pour servir son intérêt personnel».

Si l’élu nationaliste s’est refusé à qualifier en l’état les faits de possible «pacte de corruption», il n’en a pas moins profité pour tirer un parallèle avec la vente de la branche énergie d’Alstom par General Electric en 2014. Affaire dont s’est saisi le parquet national financier en 2019, et dans laquelle Emmanuel Macron, alors en poste à Bercy, est mis en cause. Sans réclamer au nom de son groupe une commission d’enquête parlementaire, l’élu RN a demandé un «droit de suite». Soit une mission d’information sur les «Uber files», ayant vocation à être adossée aux conclusions de la commission d’enquête parlementaire de 2018 sur les décisions de l’État en matière de politique industrielle, notamment dans les cas d’Alstom, d’Alcatel et STX.

Un travail mené à l’époque par l’actuel président des députés Les Républicains, Olivier Marleix. À ce stade, le parti de droite s’est toutefois fait très discret sur cette affaire. Parmi les rares personnalités à avoir réagi, la sénatrice Valérie Boyer s’est contentée de commenter: «D’abord “Alstomgate” et maintenant “Uber files”… voilà sa vision de l’économie française.»

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